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Francis VALS
ANCIENS - COMBATTANTS. :: Votre 1ère catégorie :: votre premier Forum :: Les femmes et les hommes qui ont fait l'histoire de France
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Francis VALS
Francis VALS
Francis VALS
VALS (Francis, Léon, Eugène, Louis)
Né le 9 janvier 1910 à Leucate (Aude)
Décédé le 27 juin 1974 à Luxembourg
Député de l'Aude de 1951 à 1958
Francis Vals est le fils d'un ouvrier agricole devenu marchand forain et d'une gérante de coopérative alimentaire. Il fait ses études au cours complémentaire de Narbonne, puis à l'Ecole normale de Carcassonne. Dès 1927, il adhère aux Jeunesses socialistes de la SFIO. Titulaire du brevet supérieur et du professorat d'éducation physique, il est nommé instituteur en 1929, puis professeur de sport. Francis Vals est également un rugbyman accompli qui, en 1936, permet au Racing Club de Narbonne d'être pour la première fois champion de France. Il anime ce club où il retrouve de nombreux militants socialistes de 1930 à 1939, tout en administrant le foyer Léo Lagrange pour les jeunes Narbonnais.
Mobilisé en 1939, Francis Vals est décoré de la Croix de guerre. Déplacé d'office par le gouvernement de Vichy à l'intérieur de son département, il entre dans la Résistance. En 1944, il devient le chef régional du Mouvement de libération nationale (MLN) et le président du Comité départemental de libération, ce qui lui vaut la médaille de la Résistance. Nommé directeur départemental, puis inspecteur régional, de la jeunesse et des sports, il peut se consacrer à la vie politique à la Libération. Il est secrétaire adjoint de la fédération socialiste de l'Aude jusqu'en 1951 et, avec les autres militants, il entreprend la conquête de ce département jusque à ce jour dominé par les radicaux. Il acquiert ainsi une solide implantation locale.
En avril 1945, il est d'abord élu maire de Leucate - siège qu'il occupera jusqu'en 1959 - puis en septembre, conseiller général de Sigean, dès le premier tour, avec 44,3 % des voix. Il s'impose rapidement dans cette assemblée départementale - où il sera régulièrement réélu jusqu'en 1970 - en présidant la Commission départementale à partir d'octobre 1946. Président du Conseil général de 1948 à 1951, il en devient vice-président lors de son entrée au Parlement en 1951 et le demeure jusqu'à sa mort en 1974.
Francis Vals ne se présente ni aux deux Assemblées nationales constituantes en octobre 1945 et juin 1946, ni aux législatives de novembre 1946. Mais en juin 1951, à quarante et un ans, il est second de la liste SFIO dans l'Aude, derrière Georges Guille, député depuis 1945. Leur profession de foi se veut résolument anticommuniste et anti-gaulliste. "La République est danger", déclarent-ils, car d'une part, "le communisme stalinien fait la guerre à la démocratie", et d'autre part, "le néo-gaullisme" veut "dessaisir les citoyens de leur souveraineté". En réaction, ils se proposent de défendre "les droits essentiels de l'individu, la laïcité de l'Etat, le progrès social, et la paix dans l'indépendance nationale". La liste socialiste a conclu un apparentement la liste MRP et celle du RGR et des radicaux. Les listes apparentées obtiennent la majorité absolue des suffrages exprimés. Avec 30,5 % des suffrages exprimés, les socialistes obtiennent deux sièges, ceux de Georges Guille et de Francis Vals. Le RGR et les radicaux d'une part, et le MRP d'autre part, avec respectivement 19,4 % et 12,4 % des suffrages exprimés obtiennent la réélection des sortants Alexis Fabre et Albert Gau. Le but de l'apparentement a été pleinement atteint ; les communistes avec pourtant 26 % des exprimés n'ont aucun élu !
A l'Assemblée, le jeune député de l'Aude est nommé membre de la Commission des affaires économiques, où il demeure toute la législature et qu'il préside à partir de février 1954. Il siège également à celle de l'éducation nationale en 1951 et 1952 et, en tant que membre suppléant, à celle des immunités parlementaires à partir de 1954. En mars 1955, il est désigné à la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires. Son activité législative est tout à fait considérable, puisqu'il ne dépose pas moins d'une cinquantaine de projets ou résolutions. Il œuvre, en particulier, pour sauvegarder la production d'arachides dans les TOM (octobre 1952) et l'écoulement des vins doux et naturels (juin 1953). Mais l'essentiel de ses rapports vise surtout à élaborer une réglementation des droits de douane qui soit plus favorable à l'outre-mer, par exemple en constituant la Côte de Somalis en zone franche. Il apporte ainsi régulièrement le soutien de la Commission des affaires économiques au Grand Conseil de l'AOF pour suspendre et réviser les droits de douane de nombreux produits locaux. Il intervient également à plusieurs reprises sur des affaires concernant plus précisément son département, comme le marché du vin (octobre 1952), la fermeture des mines et usines de Malvezy près de Narbonne (juillet 1953 et mars 1954), ou la crise des mines de Salsignes (février 1954). Lors du débat sur la commémoration de l'armistice du 8 mai 1945, il propose de faire des 11 novembre et 8 mai des jours fériés et chômés (avril 1954). Et le 31 mars 1955, au nom de l'article 7 de la Constitution, il proteste contre l'envoi de recrues du contingent en Algérie. Laïc convaincu, il s'oppose à la loi Marie-Barangé favorable à l'enseignement privé (septembre 1951) et, en européen, approuve la création de la CECA (décembre 1951). Avec l'ensemble du groupe socialiste également, il investit Pierre Mendès France (17 juin 1954).
Alors que le projet d'une Communauté européenne de défense (CED) déchire son parti, Francis Vals, qui est hostile au réarmement de l'Allemagne, préfère s'abstenir lors du vote de la question préalable posé par le général Aumeran le 10 août 1954. Il enfreint ainsi la discipline de son groupe, mais ne rejoint pas pour autant les cinquante-trois autres députés socialistes indisciplinés qui, en votant pour, contribuent au rejet du projet.
En janvier 1956, Francis Vals se représente sur la liste socialiste de Georges Guille dans l'Aude. Ils considèrent qu'en procédant à la dissolution, "le Gouvernement et sa majorité réactionnaire" a commis "un coup de force contre le pays républicain" "avec la complicité du parti communiste". Ils axent cette fois leur programme sur les réformes socio-économiques, en particulier viticoles, en réclamant la reconversion du vignoble algérien et la garantie des prix, et en proposant l'augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti. En Afrique du Nord et dans l'Union française, ils préconisent "le maintien de la présence française par l'association librement consentie, l'indépendance et l'interdépendance". Ils exigent aussi "l'abrogation des lois anti-laïques" votées de la précédente législature. Avec 42 938 voix, soit 31,6 % des suffrages exprimés, Francis Vals est réélu, toujours en seconde position derrière Georges Guille. Il retourne à la Commission des affaires économiques, dont il est élu vice-président en juillet et octobre 1957, mais siège également à celle des boissons en 1956 et 1957, et à celle de la défense nationale à partir de juillet 1957. A partir de mars 1958, il est représentant de la France à l'assemblée unique des communautés européennes. Dès le 21 février 1956, il invite le gouvernement socialiste de Guy Mollet à prendre d'urgence des mesures fiscales en faveur des agriculteurs, maraîchers et viticulteurs victimes du gel dans son département. Au nom de la Commission économique, il dépose plusieurs avis sur la construction du tunnel du Mont Blanc (1956 et 1957). Le 31 mai 1956, voulant montrer que le parti socialiste demeure une force de proposition, alors même que son secrétaire général, Guy Mollet, est président du Conseil, il interpelle son gouvernement. Au nom de son groupe, il réclame de nouvelles réformes en Algérie, le vote rapide de la loi-cadre sur les TOM, une relance des négociations sur l'organisation atomique européenne, une réforme fiscale, la lutte contre la hausse des prix, et surtout une réforme des institutions. Lors des votes en séance, il investit le gouvernement de Guy Mollet en février 1956, et soutient sa politique en Algérie, en lui accordant les pouvoirs spéciaux avec la majorité de son groupe (mars 1956). Il renouvelle d'ailleurs ceux-ci aux gouvernements Bourgès-Maunoury (juillet 1957), puis Félix Gaillard (novembre 1957). Il ratifie le traité de Rome instaurant la CEE et l'Euratom (juillet 1957). Lors de la crise du 13 mai 1958, il soutient le gouvernement de Pierre Pflimlin avec tout le groupe socialiste. Puis il refuse avec quarante-six autres socialistes d'investir le général de Gaulle le 1er juin et de lui accorder les pleins pouvoirs le lendemain.
L'essentiel de la carrière de Francis Vals se fera cependant sous la Cinquième République puisqu'il sera constamment réélu par la deuxième circonscription de l'Aude de 1958 à 1973.
Il meurt en cours de mandat le 27 juin 1974 à l'âge de soixante-quatre ans.
Mobilisé en 1939, Francis Vals est décoré de la Croix de guerre. Déplacé d'office par le gouvernement de Vichy à l'intérieur de son département, il entre dans la Résistance. En 1944, il devient le chef régional du Mouvement de libération nationale (MLN) et le président du Comité départemental de libération, ce qui lui vaut la médaille de la Résistance. Nommé directeur départemental, puis inspecteur régional, de la jeunesse et des sports, il peut se consacrer à la vie politique à la Libération. Il est secrétaire adjoint de la fédération socialiste de l'Aude jusqu'en 1951 et, avec les autres militants, il entreprend la conquête de ce département jusque à ce jour dominé par les radicaux. Il acquiert ainsi une solide implantation locale.
En avril 1945, il est d'abord élu maire de Leucate - siège qu'il occupera jusqu'en 1959 - puis en septembre, conseiller général de Sigean, dès le premier tour, avec 44,3 % des voix. Il s'impose rapidement dans cette assemblée départementale - où il sera régulièrement réélu jusqu'en 1970 - en présidant la Commission départementale à partir d'octobre 1946. Président du Conseil général de 1948 à 1951, il en devient vice-président lors de son entrée au Parlement en 1951 et le demeure jusqu'à sa mort en 1974.
Francis Vals ne se présente ni aux deux Assemblées nationales constituantes en octobre 1945 et juin 1946, ni aux législatives de novembre 1946. Mais en juin 1951, à quarante et un ans, il est second de la liste SFIO dans l'Aude, derrière Georges Guille, député depuis 1945. Leur profession de foi se veut résolument anticommuniste et anti-gaulliste. "La République est danger", déclarent-ils, car d'une part, "le communisme stalinien fait la guerre à la démocratie", et d'autre part, "le néo-gaullisme" veut "dessaisir les citoyens de leur souveraineté". En réaction, ils se proposent de défendre "les droits essentiels de l'individu, la laïcité de l'Etat, le progrès social, et la paix dans l'indépendance nationale". La liste socialiste a conclu un apparentement la liste MRP et celle du RGR et des radicaux. Les listes apparentées obtiennent la majorité absolue des suffrages exprimés. Avec 30,5 % des suffrages exprimés, les socialistes obtiennent deux sièges, ceux de Georges Guille et de Francis Vals. Le RGR et les radicaux d'une part, et le MRP d'autre part, avec respectivement 19,4 % et 12,4 % des suffrages exprimés obtiennent la réélection des sortants Alexis Fabre et Albert Gau. Le but de l'apparentement a été pleinement atteint ; les communistes avec pourtant 26 % des exprimés n'ont aucun élu !
A l'Assemblée, le jeune député de l'Aude est nommé membre de la Commission des affaires économiques, où il demeure toute la législature et qu'il préside à partir de février 1954. Il siège également à celle de l'éducation nationale en 1951 et 1952 et, en tant que membre suppléant, à celle des immunités parlementaires à partir de 1954. En mars 1955, il est désigné à la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires. Son activité législative est tout à fait considérable, puisqu'il ne dépose pas moins d'une cinquantaine de projets ou résolutions. Il œuvre, en particulier, pour sauvegarder la production d'arachides dans les TOM (octobre 1952) et l'écoulement des vins doux et naturels (juin 1953). Mais l'essentiel de ses rapports vise surtout à élaborer une réglementation des droits de douane qui soit plus favorable à l'outre-mer, par exemple en constituant la Côte de Somalis en zone franche. Il apporte ainsi régulièrement le soutien de la Commission des affaires économiques au Grand Conseil de l'AOF pour suspendre et réviser les droits de douane de nombreux produits locaux. Il intervient également à plusieurs reprises sur des affaires concernant plus précisément son département, comme le marché du vin (octobre 1952), la fermeture des mines et usines de Malvezy près de Narbonne (juillet 1953 et mars 1954), ou la crise des mines de Salsignes (février 1954). Lors du débat sur la commémoration de l'armistice du 8 mai 1945, il propose de faire des 11 novembre et 8 mai des jours fériés et chômés (avril 1954). Et le 31 mars 1955, au nom de l'article 7 de la Constitution, il proteste contre l'envoi de recrues du contingent en Algérie. Laïc convaincu, il s'oppose à la loi Marie-Barangé favorable à l'enseignement privé (septembre 1951) et, en européen, approuve la création de la CECA (décembre 1951). Avec l'ensemble du groupe socialiste également, il investit Pierre Mendès France (17 juin 1954).
Alors que le projet d'une Communauté européenne de défense (CED) déchire son parti, Francis Vals, qui est hostile au réarmement de l'Allemagne, préfère s'abstenir lors du vote de la question préalable posé par le général Aumeran le 10 août 1954. Il enfreint ainsi la discipline de son groupe, mais ne rejoint pas pour autant les cinquante-trois autres députés socialistes indisciplinés qui, en votant pour, contribuent au rejet du projet.
En janvier 1956, Francis Vals se représente sur la liste socialiste de Georges Guille dans l'Aude. Ils considèrent qu'en procédant à la dissolution, "le Gouvernement et sa majorité réactionnaire" a commis "un coup de force contre le pays républicain" "avec la complicité du parti communiste". Ils axent cette fois leur programme sur les réformes socio-économiques, en particulier viticoles, en réclamant la reconversion du vignoble algérien et la garantie des prix, et en proposant l'augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti. En Afrique du Nord et dans l'Union française, ils préconisent "le maintien de la présence française par l'association librement consentie, l'indépendance et l'interdépendance". Ils exigent aussi "l'abrogation des lois anti-laïques" votées de la précédente législature. Avec 42 938 voix, soit 31,6 % des suffrages exprimés, Francis Vals est réélu, toujours en seconde position derrière Georges Guille. Il retourne à la Commission des affaires économiques, dont il est élu vice-président en juillet et octobre 1957, mais siège également à celle des boissons en 1956 et 1957, et à celle de la défense nationale à partir de juillet 1957. A partir de mars 1958, il est représentant de la France à l'assemblée unique des communautés européennes. Dès le 21 février 1956, il invite le gouvernement socialiste de Guy Mollet à prendre d'urgence des mesures fiscales en faveur des agriculteurs, maraîchers et viticulteurs victimes du gel dans son département. Au nom de la Commission économique, il dépose plusieurs avis sur la construction du tunnel du Mont Blanc (1956 et 1957). Le 31 mai 1956, voulant montrer que le parti socialiste demeure une force de proposition, alors même que son secrétaire général, Guy Mollet, est président du Conseil, il interpelle son gouvernement. Au nom de son groupe, il réclame de nouvelles réformes en Algérie, le vote rapide de la loi-cadre sur les TOM, une relance des négociations sur l'organisation atomique européenne, une réforme fiscale, la lutte contre la hausse des prix, et surtout une réforme des institutions. Lors des votes en séance, il investit le gouvernement de Guy Mollet en février 1956, et soutient sa politique en Algérie, en lui accordant les pouvoirs spéciaux avec la majorité de son groupe (mars 1956). Il renouvelle d'ailleurs ceux-ci aux gouvernements Bourgès-Maunoury (juillet 1957), puis Félix Gaillard (novembre 1957). Il ratifie le traité de Rome instaurant la CEE et l'Euratom (juillet 1957). Lors de la crise du 13 mai 1958, il soutient le gouvernement de Pierre Pflimlin avec tout le groupe socialiste. Puis il refuse avec quarante-six autres socialistes d'investir le général de Gaulle le 1er juin et de lui accorder les pleins pouvoirs le lendemain.
L'essentiel de la carrière de Francis Vals se fera cependant sous la Cinquième République puisqu'il sera constamment réélu par la deuxième circonscription de l'Aude de 1958 à 1973.
Il meurt en cours de mandat le 27 juin 1974 à l'âge de soixante-quatre ans.
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Suite
Dernière édition par Admin Raphaël-ALVAREZ le Sam 3 Juil - 10:23, édité 2 fois
Suite de Francis VALS
Suite de Francis VALS
Francis Vals nous a quittés dans la nuit du 26 au 27 juin, alors qu'ils se trouvait à Luxembourg où l'appelaient les travaux de l'Assemblée parlementaire européenne.
Il était né le 9 janvier 1910, dans le département de l'Aude, à Leucate. C'est en ce lieu que l'étang de Salces s'approche de la mer presque au point de s'y fondre. C'est aussi, car on ne parle pas encore de tourisme, ce petit port de pêche qui apporte comme une touche de fantaisie à une activité régionale presque entièrement consacrée à la vigne.
Cette économie de monoculture se remettait alors difficilement d'une crise grave qui avait débouché sur la violence et sur la révolte. Francis Vals fut l'un de ces petits enfants qui recueillaient par bribes le récit de ces épisodes popularisés par un chant qui sera longtemps tenu pour séditieux.
Et le voici dans les rangs des nouveaux écoliers, qu'accueille sur le seuil de leur première classe la présence mystérieuse de la guerre. Peut être y voisine-t-il avec quelque camarade replié des marches de l'Est. Parmi ces enfants auxquels la province narbonnaise ouvre, dans le trouble des temps, les livres imperturbables de la connaissance, certains, sans 1e savoir, se préparent à jouer plus tard un rôle dans la vie de la cité, dans les crises de la viticulture, dans les destinées de la nation.
Si, pour Francis Vals, les vocations si aisément conjuguées, surtout dans le Midi languedocien, de l'enseignement et du sport sont très précoces, la troisième, celle de la politique n'est point tardive. Quand il s'inscrit aux jeunesses socialistes il n'a pas encore dix huit ans.
Le moment est bien choisi, qui lui permet de vivre le chapitre le plus remarquable de l'histoire politique locale. Aux élections générales de 1928, Léon Blum vient d'être battu dans sa circonscription parisienne. Son concurrent plus heureux s'appelle Jacques Duclos. Le parti socialiste souhaite que le plus illustre des siens puisse reprendre place au Parlement. Une élection partielle s'annonce à Narbonne. Eugène Montel, instituteur et socialiste, que j'avais la joie d'accompagner dans ses excursions pyrénéennes, est le candidat désigné. Il s'efface avec allégresse en faveur de Léon Blum qui est facilement élu. Eugène Montel siégera plus tard parmi nous comme député de la Haute Garonne.
Francis Vals sera, pendant vingt trois ans et jusqu'à ces derniers jours, le successeur, sur ces bancs, de Léon Blum. L'année 1936, celle où le militant contribue à la victoire du Front populaire, voit l'apogée de la carrière du sportif avec l'essai de la victoire qui fera du Racing club de Narbonne le champion de France.
Voici que reviennent les temps difficiles. Aux armées, Francis Vals est décoré de la croix de guerre. Revenu à ses fonctions enseignantes, déplacé et brimé par les autorités de Vichy, il anime la résistance de l'Aude et devient le président du comité départemental de libération.
Conseiller municipal de Leucate, conseiller général de Sigean, président pendant trois ans de l'assemblée départementale, il avait été candidat en 1946 comme second de Georges Guille. La même liste obtient deux élus en 1951.
Par la suite, notre collègue est constamment réélu comme député du département. puis de la deuxième circonscription de l'Aude. Il fut maire de Narbonne de 1959 à 1971. Le dernier scrutin municipal ne lui avait pas été favorable, mais en janvier 1974 le conseil régional de la région de Languedoc-Roussillon le portait à sa présidence.
Sur le plan local et provincial, Francis Vals, qui en dehors de ses charges électives animait plusieurs institutions d'intérêt public, a accompli une rouvre considérable et ses adversaires eux-mêmes ne lui marchandaient pas leur estime. Son activité régionale trouvait d'ailleurs, avec ses missions nationales et même internationales, une ligne d'application commune : c'était le soutien qu'il apportait avec acharnement à l'économie viticole. Il s'attachait à la défendre contre de nouveaux périls, à préparer son succès dans un marché plus large, à l'adapter aux mécanismes plus complexes des échanges européens et mondiaux.
S'il s'appliquait à diversifier, notamment par l'aménagement du territoire, les ressources de la région, il voulait aider le peuple vigneron à continuer à vivre du travail qu'il aime sur cette terre qu'il n'abandonnera jamais.
L'impression qui dominait quand on rencontrait Francis Vals au hasard de la vie des assemblées, était celle d'un caractère réservé, peu porté à se mettre en vedette, éloigné de cette exubérance qu'un certain folklore prête indistinctement à toutes les personnes originaires du Sud de la France.
On aurait pu le croire effacé si l'on n'avait point été informé de ses initiatives, de ses audaces, de ses réussites. On aurait pu le croire distant si l'on. n'avait pas connu cette chaleur humaine dont il avait donné tant de preuves autres que verbales.
Cette discrétion. qui marquait si typiquement son personnage, se composait avec une qualité non moins essentielle et peut être chacun de ses traits donne t il l'explication de l'autre. C'était le goût et la capacité Oc la concentration de l'esprit et, par là même, le goût et la capacité du travail. Sa passion n'était pas d'occuper les places, mais d'accomplir les tâches. Il était de ces hommes qui, lorsqu'ils siègent au sein d'une Commission, font que tout paraît facile aux autres.
La simple récapitulation de son activité dans ces premières législatures, principalement comme Rapporteur de la commission des affaires économiques. dont il fut aussi le Vice-président, occupe plusieurs pages d'un texte serré.
Voici cependant qu'à partir de 1958 commence pour lui une seconde carrière. Sans jamais négliger nos travaux et nos débats, il se consacre avec une assiduité sans relâche. à la nouvelle Assemblée européenne. Là aussi, il appartient diverses commissions. Il est Vice-président de celle de l'agriculture puis, pendant huit ans, Président de la commission des finances et du budget, enfin Président du groupe socialiste.
Il apportait à la construction de l'Europe une foi profonde et, dans ce domaine, sa réserve naturelle et la technicité de beaucoup de ses travaux ne suffisaient pas à dissimuler le caractère passionné de ses convictions. Il était de ceux qui pensent que l'Europe ne sera pas seulement l'oeuvre de ses gouvernants, que les peuples, plus que les pouvoirs, peuvent accepter et imposer les novations qu'elle comporte, assumer l'élan affectif qu'elle exige, qu'il appartient dès lors aux parlements, issus des peuples, de donner naissance à cette communauté continentale des démocraties, conçue non pas seulement comme un ensemble de règlements opérationnels, mais comme projet de civilisation durable et exemplaire.
Ainsi n'avait il pas hésité à poser le problème dans toute l'envergure de ses aspects politiques. D'une part, il proposait d'augmenter les pouvoirs de l'Assemblée telle qu'elle existe ; d'autre part, il avait déposé sur notre Bureau une proposition tendant à l'élection d'un Parlement européen au suffrage universel direct et, de surcroît, à fixer de cette élection la date.
Cette cause de l'Europe, il ne la séparait point de celle du désarmement et de la paix. Quelle que soit la forme que prendra demain cette Europe des peuples, si elle parvient au niveau d'identité de la conscience, elle saura qu'elle doit beaucoup à celui ci qui lui a consacré une telle partie de son temps, de son labeur et, nous ne le savons que trop aujourd'hui, de ses forces de vie.
Mes chers collègues, à la famille de Francis Vals, à ses proches, à ses amis du groupe et du parti socialiste, il m'appartient d'adresser nos condoléances et d'exprimer l'hommage de l'émotion qui nous est commune.
Voici que, pour la première fois, trois assemblées - régionale, nationale, internationale - se trouvent associées dans un même deuil. C'est le symbole sur lequel s'achève cette vie si dense. Ce symbole, je pense que notre collègue aurait souhaité que nous le portions au delà de l'expression de la peine et de la fidélité du souvenir. Ainsi, en cet instant, en son honneur et en votre nom, le président de l'Assemblée nationale adresse à la province du Languedoc et à la Communauté de l'Europe le message de l'amitié et de l'espoir.
Il était né le 9 janvier 1910, dans le département de l'Aude, à Leucate. C'est en ce lieu que l'étang de Salces s'approche de la mer presque au point de s'y fondre. C'est aussi, car on ne parle pas encore de tourisme, ce petit port de pêche qui apporte comme une touche de fantaisie à une activité régionale presque entièrement consacrée à la vigne.
Cette économie de monoculture se remettait alors difficilement d'une crise grave qui avait débouché sur la violence et sur la révolte. Francis Vals fut l'un de ces petits enfants qui recueillaient par bribes le récit de ces épisodes popularisés par un chant qui sera longtemps tenu pour séditieux.
Et le voici dans les rangs des nouveaux écoliers, qu'accueille sur le seuil de leur première classe la présence mystérieuse de la guerre. Peut être y voisine-t-il avec quelque camarade replié des marches de l'Est. Parmi ces enfants auxquels la province narbonnaise ouvre, dans le trouble des temps, les livres imperturbables de la connaissance, certains, sans 1e savoir, se préparent à jouer plus tard un rôle dans la vie de la cité, dans les crises de la viticulture, dans les destinées de la nation.
Si, pour Francis Vals, les vocations si aisément conjuguées, surtout dans le Midi languedocien, de l'enseignement et du sport sont très précoces, la troisième, celle de la politique n'est point tardive. Quand il s'inscrit aux jeunesses socialistes il n'a pas encore dix huit ans.
Le moment est bien choisi, qui lui permet de vivre le chapitre le plus remarquable de l'histoire politique locale. Aux élections générales de 1928, Léon Blum vient d'être battu dans sa circonscription parisienne. Son concurrent plus heureux s'appelle Jacques Duclos. Le parti socialiste souhaite que le plus illustre des siens puisse reprendre place au Parlement. Une élection partielle s'annonce à Narbonne. Eugène Montel, instituteur et socialiste, que j'avais la joie d'accompagner dans ses excursions pyrénéennes, est le candidat désigné. Il s'efface avec allégresse en faveur de Léon Blum qui est facilement élu. Eugène Montel siégera plus tard parmi nous comme député de la Haute Garonne.
Francis Vals sera, pendant vingt trois ans et jusqu'à ces derniers jours, le successeur, sur ces bancs, de Léon Blum. L'année 1936, celle où le militant contribue à la victoire du Front populaire, voit l'apogée de la carrière du sportif avec l'essai de la victoire qui fera du Racing club de Narbonne le champion de France.
Voici que reviennent les temps difficiles. Aux armées, Francis Vals est décoré de la croix de guerre. Revenu à ses fonctions enseignantes, déplacé et brimé par les autorités de Vichy, il anime la résistance de l'Aude et devient le président du comité départemental de libération.
Conseiller municipal de Leucate, conseiller général de Sigean, président pendant trois ans de l'assemblée départementale, il avait été candidat en 1946 comme second de Georges Guille. La même liste obtient deux élus en 1951.
Par la suite, notre collègue est constamment réélu comme député du département. puis de la deuxième circonscription de l'Aude. Il fut maire de Narbonne de 1959 à 1971. Le dernier scrutin municipal ne lui avait pas été favorable, mais en janvier 1974 le conseil régional de la région de Languedoc-Roussillon le portait à sa présidence.
Sur le plan local et provincial, Francis Vals, qui en dehors de ses charges électives animait plusieurs institutions d'intérêt public, a accompli une rouvre considérable et ses adversaires eux-mêmes ne lui marchandaient pas leur estime. Son activité régionale trouvait d'ailleurs, avec ses missions nationales et même internationales, une ligne d'application commune : c'était le soutien qu'il apportait avec acharnement à l'économie viticole. Il s'attachait à la défendre contre de nouveaux périls, à préparer son succès dans un marché plus large, à l'adapter aux mécanismes plus complexes des échanges européens et mondiaux.
S'il s'appliquait à diversifier, notamment par l'aménagement du territoire, les ressources de la région, il voulait aider le peuple vigneron à continuer à vivre du travail qu'il aime sur cette terre qu'il n'abandonnera jamais.
L'impression qui dominait quand on rencontrait Francis Vals au hasard de la vie des assemblées, était celle d'un caractère réservé, peu porté à se mettre en vedette, éloigné de cette exubérance qu'un certain folklore prête indistinctement à toutes les personnes originaires du Sud de la France.
On aurait pu le croire effacé si l'on n'avait point été informé de ses initiatives, de ses audaces, de ses réussites. On aurait pu le croire distant si l'on. n'avait pas connu cette chaleur humaine dont il avait donné tant de preuves autres que verbales.
Cette discrétion. qui marquait si typiquement son personnage, se composait avec une qualité non moins essentielle et peut être chacun de ses traits donne t il l'explication de l'autre. C'était le goût et la capacité Oc la concentration de l'esprit et, par là même, le goût et la capacité du travail. Sa passion n'était pas d'occuper les places, mais d'accomplir les tâches. Il était de ces hommes qui, lorsqu'ils siègent au sein d'une Commission, font que tout paraît facile aux autres.
La simple récapitulation de son activité dans ces premières législatures, principalement comme Rapporteur de la commission des affaires économiques. dont il fut aussi le Vice-président, occupe plusieurs pages d'un texte serré.
Voici cependant qu'à partir de 1958 commence pour lui une seconde carrière. Sans jamais négliger nos travaux et nos débats, il se consacre avec une assiduité sans relâche. à la nouvelle Assemblée européenne. Là aussi, il appartient diverses commissions. Il est Vice-président de celle de l'agriculture puis, pendant huit ans, Président de la commission des finances et du budget, enfin Président du groupe socialiste.
Il apportait à la construction de l'Europe une foi profonde et, dans ce domaine, sa réserve naturelle et la technicité de beaucoup de ses travaux ne suffisaient pas à dissimuler le caractère passionné de ses convictions. Il était de ceux qui pensent que l'Europe ne sera pas seulement l'oeuvre de ses gouvernants, que les peuples, plus que les pouvoirs, peuvent accepter et imposer les novations qu'elle comporte, assumer l'élan affectif qu'elle exige, qu'il appartient dès lors aux parlements, issus des peuples, de donner naissance à cette communauté continentale des démocraties, conçue non pas seulement comme un ensemble de règlements opérationnels, mais comme projet de civilisation durable et exemplaire.
Ainsi n'avait il pas hésité à poser le problème dans toute l'envergure de ses aspects politiques. D'une part, il proposait d'augmenter les pouvoirs de l'Assemblée telle qu'elle existe ; d'autre part, il avait déposé sur notre Bureau une proposition tendant à l'élection d'un Parlement européen au suffrage universel direct et, de surcroît, à fixer de cette élection la date.
Cette cause de l'Europe, il ne la séparait point de celle du désarmement et de la paix. Quelle que soit la forme que prendra demain cette Europe des peuples, si elle parvient au niveau d'identité de la conscience, elle saura qu'elle doit beaucoup à celui ci qui lui a consacré une telle partie de son temps, de son labeur et, nous ne le savons que trop aujourd'hui, de ses forces de vie.
Mes chers collègues, à la famille de Francis Vals, à ses proches, à ses amis du groupe et du parti socialiste, il m'appartient d'adresser nos condoléances et d'exprimer l'hommage de l'émotion qui nous est commune.
Voici que, pour la première fois, trois assemblées - régionale, nationale, internationale - se trouvent associées dans un même deuil. C'est le symbole sur lequel s'achève cette vie si dense. Ce symbole, je pense que notre collègue aurait souhaité que nous le portions au delà de l'expression de la peine et de la fidélité du souvenir. Ainsi, en cet instant, en son honneur et en votre nom, le président de l'Assemblée nationale adresse à la province du Languedoc et à la Communauté de l'Europe le message de l'amitié et de l'espoir.
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